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LES ALGO-CARBURANTS
Alors que l'ONU réclame l'arrêt du superéthanol en Europe et que les agrocarburants semblent de moins en moins correspondre au qualificatif de biocarburants, chercheurs et entrepreneurs se tournent vers d'autres matières premières.
Parmi les plus prometteuses, on compte les micro-algues qui permettent de produire de l’algocarburant.
Les algocarburants sont des biocarburants de « troisième génération » à base de lipides extraits des micro-algues et potentiellement capables de remplacer les très controversés biodiesels de première génération, obtenus à partir d'huile végétale de plantes terrestres.
Sur le principe, la méthode pour les synthétiser est simple. Il s'agit de transvaser ces algues invisibles à l'œil nu (à peu près le diamètre d'un globule rouge) de façon à les accumuler dans des réservoirs de plus en plus grands. Elles sont ensuite récoltées pour en extraire une huile qui servira de carburant liquide. Du coté de la ressource, il existerait entre 200000 et un million d’espèces d’algues dans le monde. Cette diversité biologique laisse préjuger d’une richesse proportionnelle en molécules originales et en lipides (algo-carburants).
QUEL INTERET D'UTILISER CES MICRO-ALGUES ?
D'abord, il faut savoir que le pétrole est en grande partie issu de la décomposition - sur des milliers d'années - des algues. Or, les procédés actuels permettent de contracter ce temps de fermentation.
Comparativement aux espèces oléagineuses terrestres, les microalgues présentent de nombreuses caractéristiques favorables à une production d’acides gras qui pourraient notamment être mises à profit pour produire des algo-carburants.
LEURS PRINCIPAUX ATOUTS
En premier lieu, la très forte productivité : selon le système de culture et la souche choisis, le rendement au m3, par hectare et par an, peut être de 7 à 30 fois supérieur à la culture du colza.
Autre comparaison : La production pourrait représenter 20000 à 60000 litres d’huile par hectare par an contre 6000 litres pour l’huile de palme, un des meilleurs rendements terrestres (dont on connait les dégats en matière de déforestation, comme en indonésie...).
Deuxièmement, contrairement aux agrocarburants, il n'y a pas ou peu de concurrence avec les terres agricoles, même dans le cas où l'on opte pour une culture extensive dans des bassins.
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Sachant que les algocarburants évitent aussi la concurrence avec les cultures vivrières, puisque la production peut être implantée dans des zones non cultivées.
LES PRINCIPAUX DEFIS A RELEVER
En premier lieu, il reste à évaluer leur modèle économique et à anticiper l'effet d'une telle production sur l'environnement.
Sachant que le principal frein à la commercialisation des algocarburants est leur coût, puisqu’à ce jour, ils restent 5 à 10 fois plus chers que les carburants classiques.
Du coté de l’impact écologique, ce n’est pas encore satisfaisant en comparaison avec la production électrique à partir de l'énergie solaire.
De fait, à l’heure actuelle, les agrocarburants n'ont pas d'autre justification que celle de fournir une alternative aux carburants d'origine fossile pour les transports.
L'industrie aéronautique sera peut-être d'ailleurs la première à utiliser ce nouveau carburant : alors que le secteur est pressé de se conformer à de nouvelles règlementations environnementales, les avions sont les plus dépendants du carburant liquide.
Pour finir, selon les différents experts, il faudra compter quelques années au mieux pour ravitailler son véhicule aux algues. Sachant que jusqu'à présent, aucune alternative crédible sur le moyen terme autre que les algocarburants n'a été trouvée.
LES PROJETS A SUIVRE EN FRANCE
Fermentalg
Créée en 2009, cette start-up a développé un procédé innovant : la production de micro-algues en milieu hétérotrophe et mixotrophe.
En fait, il s'agit de la culture de souches nécessitant pas ou peu de lumières dans des fermenteurs industriels, qui permettent d'obtenir des rendements 50 à 100 fois supérieures aux cultures traditionnelle autotrophes. Fin 2012, Fermentalg a réalisé avec succès plusieurs essais grandeur nature avec un biodiésel contenant 7% d'huile d'algues cultivées à base de substrats carbonés issus de l'industrie.
Salinalgue
Porté par la Compagnie du vent (GDF Suez), le projet vise à cultiver un type de microalgue native (Dunaliella salina) à grande échelle en milieu ouvert sur des salines inexploitées et à la bioraffiner pour en faire notamment un biocarburant très performant au niveau environnemental et commercialisable. Plusieurs experts y voient un procédé très prometteur. Après une phase d'expérimentations destiné à valider la faisabilité technico-économique préindustrielle de toute la chaîne de production sur 10 ha, une industrialisation progressive sur 6 000 ha a été mise en œuvre cette année.
Focus au 15/11/2015
Enfin, les ressources en eau potable sont épargnées, puisque c'est de l'eau de mer qui est utilisée dans tous les cas de figure.
Pour finir, les micro-algues peuvent absorber du carbone et se nourrir de rejets industriels carbonés pour augmenter leur production de lipides.
Elles peuvent aussi se développer dans l'eau saumâtre et être utilisée dans la dépollution de l'eau ou le traitement des effluents gazeux liquides.
On peut ainsi cultiver des micro-algues sur des anciennes salines, comme à Gruissan (voir projet Salinalgue > photo de droite).
Avec pour autre atout, et non des moindres, qu’il s'agit d'un système fermé où il n'y a pas d'échange avec les nappes phréatiques, ce qui permet de ne pas les polluer par l'azote ou le phosphore des intrants.